Marseille
 Je pense à ceux
 Qui à 6 du mat’
 Avec de la musique
 Ou un membre de leur famille
 Possiblement situé
 A l’autre bout du monde dans les oreilles
 Dans le silence momentané
 Qui suit la nocturne tempête
 Ce mince entrefilet de l’aube
 Qui l’été vient adoucir la fête
 Te nettoient dans leur tenue fluorée
 De tout ce qu’on a bêtement laissé
 Sur toi, levant le camp il y a quelques heures de cela
 Légers, ingrats ou inconséquents que nous sommes
 Dans ton cœur graffité comme personne
 Qui sent la pisse et le shit et bouillonne
 Comme ça ne bouillonne même plus
 A Barbès
Marseille
 Où tout se mélange dans une bordélique vitalité
 Les couleurs, les accents, les cultures, les quartiers
 Sans réelle ligne droite
 Comme si c’était la mer elle-même
 Ses vagues qui avaient tout arrangé
 La mer elle-même déjà ton cœur de ville
 Ses rues, ses murs, où tous se baignent, festivaliers
 Toi, la ville tellement rock et solaire en substance
 Que le rock n’y fait jamais entendre ses décibels
 Qu’il semble même en être implicitement exclu
 Comme si son esthétique n’était qu’une coquille
 Vide et cela pourrait m’être un souci
 Mais ça fait aussi des vacances
 J’avoue
Marseille
 Toi qui sens la pisse et le shit, j’insiste
 Mais aussi le conifère, toi où règnent
 Le soleil et le sel, suis-je à même
 Par chez toi de me plaire ?
 D’y relancer les dés
 D’y transplanter
 Ma graine ?
Marseille, ta mer
 Peut-elle m’aider à y voir plus clair
 Retrouver mon énergie première ?
Marseille,
 Toi dont les jeunes
 S’élancent de tes rocs
 En guise de baptême viriliste
 Avant de fondre en trombe sous la Médit’
 Avec éclat ou plat du bide
 Toi que l’on sent proche
 Du Maroc, de l’Italie
 Où l’on déguste d’ailleurs pour pas cher
 Sur le pouce des pizzas qui ont le secret
 Des celles de Naples
Marseille
 Où les apparts sont si vastes
 Que l’on t’accueille rubis sur l’ongle
 Où les déchets s’avèrent légions bien sûr
 Mais les humains encore vivants, capables
 De vous adresser la parole
Marseille
 Toi l’autre planète
 Jeune par essence
 Différemment violente
 Tu miroites quelque part
 Du fantasme de la résolution
 De mon exil
 Qu’en
 Est
 Il ?
(22 08 2021 – 05 09 2021)

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