Poèmes

Notre Dame (I)

Aujourd’hui par hasard
En sortant de Gibert
Je suis allé la voir
Sans m’en faire

Je l’ai retrouvée fêlée
Mais sans le lux idoine
Fort dégarnie qu’elle était
Au sommet comme Zidane

On eut dit qu’elle avait vieilli
Que soudain elle avait pris cher
Mais pas au sens de la Bible pardi
Au sens où c’était f.i.n.i, plus pareil

Elle était affublée de tôles devant lesquelles
Tous montraient les crocs dans un vide surréel
Et avec leurs cannes à truc telles des Kalachnikov
Que nul ne peut interdire, paf, se tiraient la caboche

Elle n’était plus ce qu’elle était, plus vraiment à la pointe
Et eux plus heureux que jamais depuis qu’elle s’était éteinte
Et les dents en éventails ils s’immortalisaient auprès de la morte
Vivant comme si leurs chemins menaient tous à marcher sur Rome

*

Aujourd’hui par hasard
Sortant de chez Gibert
Où j’avais fait affaire
Je suis passé la voir

Massée de touristes
Venus là la voir à plat
Tous posant tout sourire
Son ivoire dans leurs bras

Elle faisait de la peine à voir
Mais personne qui s’insurgeait
Que faire ? C’était la vie, normal
Et quelque part, j’étais aussi sidéré

La vieille n’en menait pas large, l’était
Pas folichonne sur son lit en gravats mais
Elle portait toujours ses bien belle$ ro$ace$
Et multiples bagouses de vieille bique bada$$

Et dieu sait que pourtant je ne suis pas très patriote
Et qu’ici, à vrai dire, bien peu de choses me révoltent
Mais ce devenir belle épave de la capitale, ce trip snuff
Qu’on vient voir en voyeur, j’avoue, je trouve pas ça fun.

*

Aujourd’hui par mégarde
M’étant chez Gibert délesté
De quelques disques ringards
Je me suis retrouvé à la saluer

C’est comme si elle avait fait pschit
Et que personne ne voulait voir
Tout ce que ça voulait dire
De fondre ainsi au noir

Et tout est fragile
Et tout si égal
Que dormir
Madame

Cela fait
Sans doute
Encore partie
Du rien du tout

Et là tout un chacun
Ne faisait que ça dormir
Et être des émoticons bien
Dans la grande fête du sleep

*

Aujourd’hui par mégarde
Revenant de Gibert délesté
De quelques vieilleries, des
CD’s, j’ai salué sa mémoire

Avait-elle comploté
Avec les éléments
Ce grand brasier
Tel un enfant ?

Criant sa vérité
A qui des cendres
Saura grâce donner
De juste les entendre ?

Les relever ? Accueillir
Le fruit de la combustion
Spontanée ? Oui, mais qui ?
Qui nom de nom ? Vu qu’on

Dort et qu’on trompe ce monde
Avec une armada de smartphones ?
En attendant, tel un bonze, le monde
Switche et telle une Amazone s’immole.

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